Boissons énergisantes : le manque de réglementation entraîne de sérieux dérapages

Le député de Johnson et porte-parole de l’Opposition officielle en matière de loisir et de sports, Etienne-Alexis Boucher, et le coordonnateur de la Maison des jeunes de la St-François, Gaétan Graveline, ont dénoncé ce matin, en point presse, les conséquences entourant le manque de réglementation dans la vente de boissons énergisantes aux jeunes.

L’initiative fait suite à de récents cas de surconsommation de ce type de boissons par certains jeunes de la région. La consommation de boissons énergisantes chez les jeunes est un phénomène grandissant. Cependant, la problématique est devenue plus marquée à Windsor depuis qu’un commerce de la 5e avenue vend à rabais ces boissons. En effet, le commerce achète à moindre coût des inventaires de boissons énergisantes périmées, ce qui lui permet de revendre ces produits à un prix dérisoire. Le magasin, situé à un coin de rue de l’école secondaire et à proximité d’une école primaire, offre aux jeunes des boissons énergisantes à moins de 1$ pour une canette de 695 ml. Ce prix rend beaucoup trop accessible le produit et encourage une jeune clientèle à surconsommer puisque les boissons sont vendues en paquet de 12.

« La situation est alarmante. Nous avons là un exemple concret de l’urgence d’encadrer la vente de ces produits » a déclaré le député de Johnson. « Je crois que les autorités gouvernementales ne réalisent pas l’ampleur du phénomène et ne semblent pas préoccupées par les risques que représente une consommation régulière ou une surconsommation de ces boissons. Nous avons signalé la situation auprès du MAPAQ. Malheureusement, aucune intervention n’a été faite et les produits sont toujours en vente » a ajouté Etienne-Alexis Boucher.

Le coordonnateur de la maison des jeunes de la St-François a pour sa part remarqué une récente augmentation de la consommation des boissons énergisantes chez plusieurs jeunes. « Les jeunes ne réalisent pas les dangers potentiels de consommer plusieurs canettes de ces boissons. Ils sont un peu naïfs et ne tiennent pas compte des recommandations » a précisé monsieur Graveline. « Le prix de vente du produit permet habituellement de modérer un peu la consommation et contribue à éviter des abus. Mais je crois que nous avons un problème quand un jeune peut se procurer, avec l’argent de son dîner, plus de 4 litres de boisson énergisante.»

La majorité des boissons énergisantes contiennent d’importantes concentrations de substances stimulantes telles que la caféine, la taurine et le glucose. Ces substances peuvent avoir un effet direct sur le système nerveux, les muscles et le rythme cardiaque. Le Dr. Paul Poirier cardiologue à l’Institut universitaire de cardiologie et pneumologie de Québec réalisera sous peu une étude auprès d’un groupe de jeunes afin de mieux comprendre les impacts associés à la consommation de boissons énergisantes. «On sait que ça peut créer des problèmes cardiaques, il y a même des morts subites reliées à la consommation de boissons énergisantes. Nous souhaitons étudier les liens pouvant expliquer les effets entre la prise de la substance et les problèmes cardiovasculaires liés à sa consommation. Nous voulons également mieux comprendre comment les différents stimulants présents dans ces boissons interagissent entre eux et déterminer si par exemple la taurine ne potentialise pas l’effet de la caféine » a déclaré le Dr Poirier.

Santé Canada a classé les boissons énergisantes dans la catégorie des produits naturels en raison de la présence de certains ingrédients tels que le guarana, le ginko biloba et le ginseng. L’organisme gouvernemental a entrepris d’homologuer les produits naturels qui se retrouvent sur le marché. Le processus d’homologation devait être complété au 31 décembre 2009 et les produits qui n’avaient pas fait l’objet d’une homologation à cette date devaient être retirés de la circulation. Cependant, Santé Canada aurait pris un tel retard dans son processus qu’à ce jour seulement cinq marques de boissons énergisantes sont officiellement homologuées. Toutefois, même homologué, ce type de produit peut avoir des effets indésirables sur la santé.

«Nous savons que les boissons énergisantes représentent un risque pour la santé particulièrement pour les jeunes. Des études ont également démontré que ces produits peuvent rendre les consommateurs agités, anxieux, irritables et sont susceptibles de provoquer des comportements impulsifs et dangereux. Mais malgré tout, les boissons énergisantes ne font l’objet de pratiquement aucune réglementation. Cette situation entraîne des dérapages qui peuvent avoir de lourdes conséquences chez les jeunes. Le fait que le MAPAQ ne semble pas se préoccuper de la situation vécue ici illustre le manque d’encadrement » a dénoncé le député de Johnson.

« Je demande donc aux autorités concernées, dont Santé Canada, le MAPAQ et le Ministère de la santé de prendre leurs responsabilités et d’encadrer la vente des ces produits ainsi que la commercialisation agressive destinée aux jeunes » a conclu le député Etienne-Alexis Boucher.